Louveteau - Zoo de Berlin, 2005
samedi 2 février 2013

"Hors saison", Sylvain Coher - Editions Joca Seria, 2002

Le premier roman de Sylvain Coher, "Hors saison" paru en 2002 raconte l'histoire d'Elia, une jeune femme mystérieuse dont on comprend qu'elle fuit un passé traumatisant, qui vient vivre quelques mois dans une maison bretonne délabrée face à l'océan. Elia n'est pas seule, celui qui l'accompagne et qui lui voue un amour inconditionnel est le narrateur et le confident de la jeune femme. On comprendra au bout d'un certain nombre de pages, que ce narrateur, dont le nom n'est jamais cité, est en fait le chien d'Elia...





C'est un roman écrit dans un style épuré, fluide et très agréable à lire. Le texte respire l'ambiance austère et sauvage des falaises bretonnes hors saison. L'originalité du roman réside dans le fait que le narrateur, donc un chien, nous fait part de ses réflexions et états d'âme au sujet de sa maîtresse pour laquelle il s'inquiète. C'est donc seulement à travers le regard et la "voix" de cet animal que l'on découvre peu à peu le personnage insaisissable d'Elia, dont le mystère reste cependant entier car on ne parvient pas à reconstituer le puzzle de son existence.


Quelques extraits ...

"On a regardé le ciel démesuré qui défilait à toute vitesse juste au-dessus du toit et comme toujours on s'est attardés sur les traces muettes des avions dans le ciel. Des zébrures délicates, des croisillons. Celui-là pour l'Amérique, celui-ci pour l'Angleterre. Quelques bandes duveteuses et des signes illisibles comme des traits tirés sur le sable, des parallèles, des perpendiculaires. Et bien plus proche encore, tout proche, près de nous, le bruit des vagues contre la falaise on l'entendait d'une façon si précise qu'en rêve les plus hautes d'entre elles venaient s'émietter ensuite contre le vieux portail dans la rue. En évitant les autres portes, celles qui sont trop neuves ou trop soignées. Des portes inhumaines, me dis-je. En riant intérieurement."

"La mer m'a réconforté. La falaise m'a réconforté parce que j'y retrouvais beaucoup plus d'Elia que dans la maison. En traînant la patte je me demandais l'influence des lieux sur mon humeur, l'influence sur mon humeur des objets de notre décor. Je me demandais jusqu'à quel point une simple maison pouvait transformer la réalité d'un être humain. Puis je me suis demandé jusqu'à quel point la réalité pouvait être transformée pour un être humain. Et parce que je bâillais déjà je me suis demandé comment je ferais cette nuit pour dormir, seul dans un endroit pareil."

"De temps en temps la mer se fait si forte qu'elle s'écrase de plein fouet sur la paroi de la falaise et nous recevons jusqu'en haut ses embruns glacés. Nous pivotons et nous penchons selon le rythme des vagues, modelés par le vent et aspirés par le vide. Elia tourne sur elle-même, les bras grands ouverts. Elia crie dans le vent. Le vent emporte son cri et nous le restitue après l'avoir curieusement déformé."


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